Je me permets ici de préciser pourquoi mon nom se retrouve au bas de cette lettre demandant le droit de retirer nos enfants d’une classe où l’enseignante serait voilée, comme pour tout autre professeur arborant un vêtement identifiablement religieux.

Pour commencer, ce serait très improbable que je le fasse. Si mon enfant tombait dans une telle classe (ce qui est statistiquement très possible si je demeure à Montréal), à moins que la prof soit totalement incompétente, je l’y laisserais en paix. Je n’en profiterais pas non plus pour lui faire de grandes leçons concernant les religions et la laïcité. Il a huit ans.  J’essaierais de faire en sorte qu’il voit sa prof comme un être humain et la traite comme tel, comme tout le monde.

À la base, cette prof ne ferait qu’exercer son droit légal.  Plus profondément, il n’y a jamais aucun gain à personnaliser ce qui est un conflit social et politique.  Les humains, les individus, sont ce qu’ils sont; la politique est ce qu’elle est.  Il y a d’autres façons de se battre à ce niveau.

Il n’empêche que je ferais pareil si la loi permettait soudainement que l’enseignant ou l’enseignante de mes enfants affiche dans sa classe une pub de Pepsi. De même que s’il était permis d’afficher une pub politique ou électorale, etc.  Jamais je ne tenterais d’endoctriner mes enfants contre l’autorité de leur prof, mais je protesterais certainement et vivement.

C’est pour cette raison que je signerai toutes les pétitions exigeant qu’existe aussi mon droit de revendiquer un environnement laïc.  Précisément pour contrer ce droit abscons et d’invention récente qu’est celui d’afficher auprès de mes enfants une philosophie religieuse qui ségrègue les individus de manière fondamentale comme si c’était normal.

Voilà pourquoi j’ai signé et signerai.

 

Post Scriptum

Quant à la question de Patrick Masbourian, dont parle Sophie Durocher dans un récent article du JdeM sur la question de la Loi 21.  Car c’est ce qui m’a poussé à écrire aujourd’hui.

Misère…

J’aime spontanément Masbourian, que je suis depuis la Course. Sauf qu’il est devenu très radio-canadien. Lui suffit un espèce d’individualisme consensuel qui lui tient lieu de projet social et de politique tout à la fois.

Mais plus globalement, ça me désespère de constater autant d’interventions idiotes sur le débat qui a cours sur la laïcité au Québec depuis maintenant 15 ans.
Bordel! On a 6000 ans de connaissances fiables concernant l’Histoire des religions et de leurs effets sur les politiques humaines. Sans compter des siècles de philosophie politique.

Pourtant, c’est une totale ignorance de tout le sujet qui s’exprime dans une question telle que: « Est-ce que l’enfant en question, ça le dérange d’avoir une enseignante qui porte le voile islamique? »

Alors non, Patrick Masbourian. Ça ne dérangerait peut-être pas mon fils si son enseignante porte un voile islamique ou son enseignant une kipa. Et je m’arrangerai toujours pour que ça ne se fasse pas.  (Quoi que ça le dérange déjà quand son camarade de classe l’informe répétitivement, au dîner, que son sandwich au jambon est impur… Oh oui, ça lui est vraiment arrivé, et depuis la maternelle.)

Ça ne le dérangera probablement pas. Sauf qu’à part ça, on peut dire je crois, Patrick Masbourian, que si un prof affichait une pub de Coke dans la classe de ton enfant, là je suis pas mal sûr que tu monterais aux barricades avec nous.  Même si ça ne le dérangeait pas particulièrement.

 

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Je voudrais vous parler aujourd’hui de gens à qui je souhaite souvent d’échouer misérablement dans la vie. Non pas d’individus en particulier, mais de catégories d’humains à qui je souhaite le malheur. Du monde que j’entends préjuger et discriminer à chaque fois que j’en ai le pouvoir. Par exemple, j’ai été un employeur pendant plus de 10 ans et tous les comportements que je vais décrire ici m’auraient suffi pour ne pas embaucher un candidat, même si ça n’avait rien à voir avec le travail.

Cette liste est non exhaustive et pourra évoluer dans le temps.

 
-En premier lieu, la personne qui cherche une place de stationnement dans un quartier résidentiel le soir et trouve un espace assez grand pour 2 voitures, mais qui se stationne en plein dans le milieu. Soit elle ne réalise pas, soit elle s’en crisse. D’une manière ou d’une autre, le fait qu’ils sont si nombreux à le faire à Montréal me rend pessimiste quant à toute entreprise humaine future.

 
-Ensuite, la personne qui se tient à gauche dans un escalier roulant. Quand tous les autres passagers sont à droite afin de laisser la place pour ceux qui veulent dépasser, toi tu restes planté à gauche, souriant, pendant qu’une file en arrière de toi déborde maintenant jusqu’au stationnement à l’extérieur. Un tel manque de conscience de soi et de son environnement est sidérant. Or, il s’agit le plus souvent de personnes plus âgées : mais comment vous-êtes-vous rendu si loin dans la vie ?

 
-En transport en commun, quiconque se précipite pour entrer dans le bus ou le wagon de métro, bousculant ceux qui essayent d’en sortir, afin d’avoir une place assise même quand c’est justement en train de se vider. Ton besoin panique de t’assoir qui te pousse à ne même pas tenter d’apprendre la courtoisie et le vivre ensemble me rappellent à quel point nous sommes évolutivement peu avancés.

 
-Pour rester dans le transport en commun. Quiconque dans l’autobus s’agglomère à l’avant, là où le passage est le plus étroit et le seul endroit où littéralement tout le monde doit passer. Ou encore (et je ne sais même pas si c’est pire ou moins), ceux qui sont assis tout au fond du bus et qui décident de bousculer tout le monde afin de remarcher jusqu’à l’avant au moment de descendre, au lieu d’utiliser les portes arrières.

 
-Une autre race de gens à qui je souhaite d’échouer dans la vie. Les gens qui appuient sur une porte d’autobus et qui, au-lieu d’attendre le quart de seconde qu’elle ouvre, se mettent à taper dedans. Dans la même catégorie de déficience mentale, les automobilistes qui te klaxonnent de derrière si tu ne démarres pas à la fraction de seconde où le feu tombe vert.

 
-Et je ne parle même pas de ceux qui se mettent les pieds sur les bancs dès qu’ils le peuvent. Là-dedans, je ne compte pas les ados en crise de rébellion ou les jeunes enfants en manque d’éducation : je parle des 21 ans et plus. Écoute, si tu penses que c’est ton droit de mettre tes semelles de souliers où les gens s’assoient ensuite, alors c’est mon droit de m’essuyer les pieds sur toi pendant que tu es assis.

 
Cette liste n’est pas exhaustive. J’aimerais néanmoins la compléter par une super catégorie, qui englobe toutes les autres.

 
-Ceux qui, quand on leur fait remarquer qu’ils ont un comportement irrespectueux, passent immédiatement à l’attaque. Ceux qui se disent d’abord «j’ai l’doua!» puis qui sans jamais se remettre en question une seule seconde contre-attaquent à mort.

 
Voilà, vous pouvez maintenant dire que je suis raciste. Et voici ci-haut le type de catégories de gens que je discrimine volontiers. Encore une fois, ce n’est pas exhaustif.

 

 

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Sol Zanetti m’a permis de confirmer une hypothèse que j’entretiens depuis un certain temps.

On dit en anglais : a little knowledge is a dangerous thing. Or, je prétends qu’on en a la preuve depuis plusieurs années maintenant grâce aux cours de philosophie au Cégep.

Soyons clair : la philosophie est une formation essentielle et la grande majorité des professeurs la professe de manière excellente.  Sauf que je me rappelle en première année de philo lorsque j’avais intégré la notion de sophisme pour la première fois.  Tout fier, je pensais pouvoir gagner aisément n’importe quel débat en débusquant ces mauvais réflexes de pensée chez mes adversaires !

Sauf que c’était dans l’ancien temps.  Juste avant Internet et les réseaux sociaux.  On s’obstinait en ces temps-là entre étudiants dans des cafés, plutôt que virtuellement.  Puis surtout, on s’y frottait aussi aux doctorants et aux profs.  Et on se faisait proprement démolir.  Alors on se la ravalait avec nos grands-cris et nos accusations péremptoires de sophisme de gomme balloune.  Au final, on en venait surtout à développer nos arguments un peu mieux.

Maintenant, ce n’est plus ça.  Pour un étudiant d’aujourd’hui, trop souvent la réalité concernant sa médiocrité argumentative n’a plus jamais l’occasion de le frapper en plein front. Parce que tu es dans ta chambre d’échos, dans ton safe space, dans tes impératifs moraux et tes certitudes tribales…
Peu importe à quel point la réalité tente de t’écorcher, tu sais que ta meute, même virtuelle, est là derrière pour te lécher les plaies.

Il existe bel et bien une détérioration de la pensée critique, visible – audible – dans le langage argumentatif d’aujourd’hui, du moins si on le recherche sur les réseaux sociaux.  Pire que le réchauffement planétaire à mon sens, notre époque est celle d’une atrophie du QI général, multipliée par une démocratisation effrénée de la parole.  Et rien ne me le confirme autant qu’un professeur de philosophie ou un politicien qui use à tort et à travers de la notion de sophisme.

Bref, c’était pour moi une hypothèse, mais Sol Zanetti me l’a confirmée en traitant Simon Jolin-Barrette de sophiste l’autre jour, lors du blocage de QS et du PLQ contre l’adoption de la Loi PL21.

Dans cet échange, Zanetti argue que la majorité populaire sur laquelle s’appuie la CaQ pour justifier son projet de Loi est fictive, puisque le parti n’a gagné une majorité aux élections qu’avec quelques 35% des voix (de mémoire).

Un premier problème est que ceci constitue la normalité dans notre réalité électorale depuis plusieurs années déjà. Dès lors, aucun gouvernement, même majoritaire, ne serait jamais légitimé de gouverner selon le député de QS.  Par ailleurs, la majorité sur laquelle s’appuie la CaQ provient plutôt de tous les sondages démontrant que dans tous les segments de la société ou presque, la laïcité obtient de 51% à 80% d’appui!

Mais surtout, pour en revenir à mon propos. Le ministre Jolin-Barrette a rétorqué à Zanetti que son parti, QS, avait attendu après les dernières élections pour complètement revirer sa position sur la laïcité. Le but argumentatif étant évidemment de contester en retour la position de Zanetti ainsi que de son parti, de facto encore plus illégitime.

Zanetti, un prof de philosophie, rétorqua en bredouillant qu’il s’agissait d’un sophisme ad hominem; qui consiste normalement à attaquer le caractère d’une personne plutôt que la validité de l’argument qu’elle avance dans la discussion.

Euh quoi ?

La réponse de Jolin-Barrette n’était ni un sophisme, ni encore moins une attaque sur le caractère moral de Sol Zanetti.  Surtout, comment un prof de philo peut-il lancer une telle réplique dans un débat aux conséquences hautement périlleuses pour l’avenir de la société; du moins tel qu’il le décrit lui-même?  Comment, sauf s’il ne maîtrise pas la portée de ses propres arguments?

Comment surtout n’a-t-il jamais su dépasser le niveau de sa pensée argumentative au-delà de ne maitriser qu’approximativement une notion de philosophie 101 de Cégep ?

Et ça se passe à l’Assemblée nationale.  On est mal barrés.

 











 

En 2018, il y a au fond une vérité fondamentale qui n’a pas été enseignée à cette génération :
Il y a d’une part toi comme tu te perçois. Puis il y a l’image de toi dans la tête des gens. Mais il n’existe aucune loi naturelle qui dicterait que les deux doivent être identiques. Ou alors on confondrait l’individuel et le social.

Élise dort. Elle a 10 mois. Elle dort les bras en étoile.

Elle a la tête un peu penchée sur une épaule, le cou un peu cassé, ce qui la fait ronfler. Un ronflement doux et paisible à mon oreille.

Juste-là, je viens de voir clairement une différence fondamentale entre moi et ma blonde. Je lui faisais écouter le ronflement d’Élise et elle m’a dit: «Quand elle fait ce bruit-là, je suis incapable de dormir. Je reste réveillée toute la nuit». Je crois qu’elle a peur de l’entendre s’étouffer. Elle est une maman, avec un coeur toujours gros de maman.

Pour moi, c’est le contraire. Quand Élise fait ce son-là, je l’écoute être en vie. Je m’inquiète plutôt quand elle dort sans bruit. C’est alors que je me lève pour aller scruter sa poitrine et m’assurer qu’elle monte et descend.

Là présentement, ma petite dort. Je l’entends.
Je sais qu’elle est dans de bonnes étoiles.











 

Imaginons un scénario de sociologie-fiction.

Un pays tel que le Maroc (ou l’Algérie, la Tunisie, etc.) découvre une ressource x et a besoin de beaucoup d’ingénieurs pour la développer. Il fait alors un appel à l’immigration.  Et ça adonne qu’un nombre important de Québécois et autres occidentaux, attirés par de bons salaires et une existence au soleil, décident de déménager et de fonder leur vie là-bas.

Sauf qu’ils ne se sont jamais vraiment intéressés à la culture locale avant d’émigrer.  Alors au fur et à mesure que leur nombre augmente, ils se concentrent dans certains quartiers. Et ils deviennent de plus en plus visibles, surtout qu’ils ont la manie de se regrouper les soirs et après-midis de congé dans les parcs et sur les plages, les femmes en bikinis, parfois même se faisant bronzer seins nus, pendant que les hommes se font griller des côtelettes de porc au bbq et que tout le monde boit de la bière et du vin, y compris durant le ramadan. C’en est même que des mères se présentent de plus en plus souvent à l’école en hauts de bikini pour chercher leurs enfants!

Étant donné la présence islamiste dans ces pays, on pourrait s’attendre à des réactions très violentes et meurtrières, et avant ça à des arrestations et des condamnations pour atteintes à la pudeur. Mais imaginons plutôt que tout se passe pacifiquement…
Pendant 5, 10, 15 ans…  La population locale « de souche » s’exprime à travers des forums divers, des Commissions et autres sondages qui révèlent à chaque fois que dans une proportion très majoritaire, ces comportements des Occidentaux choquent profondément les valeurs conservatrices locales, et qu’on y perçoive une invasion culturelle.

Sauf que ces Occidentaux immigrés, au lieu de se remettre en question, ne cessent d’invoquer leurs droits individuels; et que ça te me fasse partie de leur identité d’agir de la sorte. Lorsqu’on parle d’intégration, ils rétorquent que les Marocains de souches sont tout autant des immigrants qu’eux, alors ils n’ont aucun droit légitime à définir le contrat social local…

Encore une fois, j’imagine mal que ça se passe comme ceci, très pacifiquement.
Mais surtout, est-ce que je me trompe, ou nos inclusivistes ne seraient pas prêts à défendre une telle population avec la même ardeur qu’ils défendent les voiles et autres comportements religieux qui choquent profondément les Québécois et qui vont totalement à l’encontre de l’évolution sociale et culturelle de cette société-ci?

 

Mais pour en revenir à nos moutons de Panurge québécois…

J’ai répondu ceci aujourd’hui à quelqu’un qui me demandait de clarifier mes politiques concernant l’immigration et l’islam.  J’ai répondu :
«Je pense qu’il y a beaucoup de facteurs qui entrent en compte en ce qui concerne l’immigration aujourd’hui.

Dans le désordre :
-Le nombre. C’est sûr que si tu es tout seul de ta gang à déménager dans une culture complètement étrangère, ce n’est pas la même chose que si tu es 1 million.
-Les communications. Aujourd’hui, c’est vrai que tu peux être physiquement ici, mais culturellement à des dizaines de milliers de kilomètres. C’est vrai qu’il y a plein de maisons où n’entrent que les chaines satellites venant du pays d’origine, où on ne lit que les journaux dans la langue d’origine et où quand vient le temps de marier les enfants on se tourne vers le bled d’origine.
-La religion, comme tu dis. Mais dans le cas spécifique de l’islam, il faut compter la diffusion d’une lecture rigoriste de la part des Frères musulmans, des khoménistes et du wahhabisme, le tout financé par les Saoud.
-Un ordre moral « progressiste » qui s’est installé en occident, alimenté par des décennies de déconstructionnisme postmoderniste.
-Ce dernier point pave le chemin pour une culture, la nôtre à toi et moi, qui ne croit plus en ses propres institutions ou en ses propres fondamentaux philosophiques.
-L’influence colonisatrice du monde anglo-saxon, chez qui la culpabilité postcoloniale et la forme particulière de son racisme ont conduit à l’élaboration du dogme multiculturaliste.
-L’éducation.  Qui n’est pas la même si la majorité de votre immigration vient du Maghreb; ou alors plutôt de l’Afghanistan, du Pakistan, d’Arabie saoudite, d’Iran ou de Turquie.  On ne parle pas du tout du même monde en termes de culture et d’éducation.»
-Ni en termes de volonté de s’intégrer.

Je me rappelle souvent cette militante anti-islamiste, réfugiée algérienne en France, entendue il y a une dizaine d’années.  Elle racontait qu’à Alger, dans les années 80 qui menèrent aux massacres des GIA, il fallait chaque matin compter le nombre de femmes voilées à l’arrêt d’autobus. «Quand elles dépassaient la moitié, on savait qu’on devait changer de quartier car notre vie allait commencer à être misérable, puis dangereuse»

Tous les matins et tous les après-midi à l’école de mon fils dans la Petite-Patrie, je regarde les mamans qui viennent porter et chercher leurs enfants.  Invariablement, il y a de 1 à 3 grappes de mamans qui se tiennent exclusivement entre elles.  Ce sont les mamans voilées.  Elles parlent arabe.  (Sauf lorsqu’est présente 1 d’elles, africaine noire et qui apparemment ne parle pas cette langue.  Malgré ça, chaque jour cette dernière se joint avec un «salam alékoum» à une des grappes, plutôt qu’aux parents francophones.)  Les autres parents qui attendent sur le bord de la clôture et qui parlent français entre eux sont de souche, latinos, asiatiques, etc., et s’agrègent aléatoirement.
Je me suis amusé à compter tout à l’heure et les mamans voilées constituent 7/10.

Ça, c’est à la porte de l’école où on attend les plus petits, comme mon fils qui est en 1ère année. Il semble y avoir moins de voiles à la porte des plus grands, mais c’est à l’autre bout de la rue.  Par contre, d’où je me tiens, je vois très bien la sortie des petits de maternelle, où les voiles comptent plutôt pour 9/10 des mamans.
À l’opposé, c’est vers les sorties des plus grands qu’on voit progressivement, d’année en année, de plus en plus d’élèves voilées.

Je ne crois pas une seule seconde, loin de là, que sous tous ces voiles se trouvent des islamistes radicales, ni même de mauvaises mamans ou de mauvais enfants.  Seulement, ce serait idiot de ne pas voir là un présage pour le futur de cette société, du moins pour sa métropole.  Je suis certain qu’au minimum, à leurs tables de cuisine le soir au souper, en familles, cet entre-soi qu’elles pratiquent en grappes à l’école se transmet dans un discours ponctué et normalisé de: «nous les musulmans contrairement à eux les Québécois».
Et c’est sans compter l’homogamie que devront pratiquer les enfants sous peine d’excommunication.  Ou tout le climat d’halalisation qui s’installe dans le quartier.

Surtout, je pense aux autres enfants.  Comme mon fils, élevé à croire que c’est normal qu’une majorité des femmes rencontrées quotidiennement soient voilées et couvertes de manière austère de la tête aux pieds, hiver comme été, se tenant entre elles pour parler une langue qui lui est étrangère.

On nous répète que le Canada et l’Amérique furent toujours des terres d’immigration.  Certes.  Mais ce furent toujours aussi des terres d’assimilation brutale.
Parlez-en aux Canadiens-Français qui, établis de la Nouvelle-Angleterre au Mississippi, jusqu’à San Francisco et toute la Côte Ouest, en revenant par les Grands Lacs… Tous ces grands voyageurs Français qui, dès qu’ils s’établissaient, apprirent à ne pas transmettre leur langue à leurs enfants: afin de leur éviter de se faire traiter des « Frenchtards! » et de se faire taper sur la gueule.  Afin de permettre à leurs enfants un avenir, dans cette Brave Amérique.  Ces enfants s’appellent aujourd’hui Trudeau, LaBoeuf, LaPierre, Tremblay…, mais ne savent même pas le prononcer.

Au Québec, nous n’avons pas pu, pendant longtemps, accueillir quelque immigration ou quelque altérité que ce soit, si ce n’était un peu d’italienne et d’irlandaise.  Tant que c’était catholique, même parfois protestant ou juif…
La province accueillait pourtant bien une immigration soutenue.  Mais pas « nous », alors que nous étions relégués à un statut de majorité minorisée, subalterne sur ses propres terres.

Dès que nous avons été capables de reprendre le contrôle de notre société, nous avons pratiqué l’accueil de l’Autre: qu’il soit Haïtien, Chilien ou Vietnamien.  Et nous n’avons jamais exigé l’assimilation; probablement parce que nous avons connu la menace d’être assimilés.  Nous passons notre temps à célébrer des personnes qui débarquent ici pleines de bonne foi et pleines de bagages provenant de leurs tours du Monde.
Cependant, nous avons toujours vu avec méfiance l’immigration qui n’est pas celle d’individus ou de simples familles.

Non, ce n’est pas de ce rejet primaire de l’Autre que l’on peut nous accuser, nous les Québécois.  Ce qui nous met sur nos gardes, comme partout où il y a de l’immigration pour les populations de souches, ce sont les diasporas: ces tribus planétaires qui nulle part ne s’intègrent.  Celles qui ne charrient pas que de belles photos dans leurs bagages, mais qui y trainent aussi leurs propres frontières: linguistiques, culturelles et nationales.  Et religieuses surtout.  Ces tabous qui proscrivent plus que le voisinage courtois avec le pays d’accueil.  La religion qui proscrit aux enfants de se marier hors de la tribu, avec les enfants des collègues et des voisins.

Non, cette immigration nous n’en voulons pas.  Et tous les peuples non plus n’en veulent pas.  Si vous voulez nous en accuser, vous devrez aussi accuser la Terre entière !  Nous somme conservateurs, parce que nous voulons nous conserver.  Et nous nous laissons bercer parfois par les chants populistes, parce que nous sommes le peuple et que nous voulons être écouté.  Alors nous dénonçons comme nous le pouvons.

Et si partout les peuples le sentent instinctivement, c’est que tous l’ont vécu.  Sauf que nous, c’est de mémoire récente.  Nous reconnaissons le tribalisme de survivance et d’autodéfense, mais aussi de haine.  Nous voyons tout venir, même si nous paraissons nonchalants.  Le tribalisme qui à coups de sermons remplit le ventre des femmes, bien contrôlées et marquées du sceau de la communauté.  Qui à coups de Petit Catéchiste ou de Coran bourre le cerveau des hommes, abrutis.
Pourquoi: pour aller au Ciel ?  Non, pour produire de la force vive, de la communauté.

Et non, nous ne laisserons pas cette société y retourner.  Pas sur nos terres: les seules que nous ayons et où nous entendons, nous aussi, perdurer.

Alors en attendant, tant que vous dédaignerez nos préoccupations, nous écouterons les populistes.  Et tant que vous nous condamnerez du regard à être le sous-peuple que vous avez voulu faire de nous, nous continuerons tout de même d’être de bons voisins courtois avec les mamans voilées qui se parlent entre elles, bardées de leur frontières vestimentaires et de leur halal qui proscrit toute proximité.

Mais il nous sera toujours plus difficile, entre autres à cause de vous, de rêver d’un avenir commun pour nos enfants et les leurs.  Alors que nous avons déjà des enfants et des petits-enfants aussi québécois qu’haïtiens, chiliens ou vietnamiens.  Et que nous en espérons encore.











































Toute autres choses étant proportionnelles par ailleurs

Imaginez cette Histoire du Québec alternative…

Suite à la Conquête, les Canado-britanniques nous persécutent et nous déportent en masse, si bien que la population française de la province chute à près de 0. Les Québécois trouvent refuge un peu partout, en Europe surtout. Le continent nord-américain devient enfin unilingue anglais.

Survient la IIe Guerre mondiale et les Allemands décident, suite à la capitulation de la France, d’exterminer toute population qui, à l’extérieur de Vichy, parle français. Parler français devient synonyme de « sous-race ».

C’est un massacre et les Québécois se font gazer par dizaines de milliers.

Suite à la défaite de l’Allemagne, les nations européennes choisissent de réparer le tort – celui de n’avoir pas protégé les Québécois d’une quasi extinction programmée – en tordant le bras du Canada, pays unilingue anglais coast-to-coast, maintenant un allié depuis la Guerre. L’Europe fait rendre au Canada les territoires jadis confisqués aux Français de l’ancien Bas-Canada, dont Montréal, Québec et plusieurs régions de la province.

Déjà, un mouvement de retour avait commencé à s’effectuer, alors que des Québécois d’Europe, sentant la soupe chaude dans les années d’escalade vers la Guerre, avaient commencé à migrer et à acheter des terres : d’abord au Saguenay, puis dans le Bas du fleuve, dans la Vallée du St-Laurent, etc.

Maintenant, les populations locales, unilingues anglaises, se voient expropriées de leurs terres. Un grand nombre tente de rejoindre l’Ontario, les autres provinces et même les États de la Nouvelle Angleterre. Mais très rapidement, les frontières se referment et un nombre important d’Anglais se voit confiné dans ce renouveau québécois. Tandis que des colons québécois, rescapés des camps de concentration européens, reviennent en masse vers ces terres.

Au lendemain d’une promulgation de souveraineté québécoise, le Canada et les États-Unis nous déclarent la guerre, chacun se vouant à l’extermination du dernier d’entre les Québécois et jetant toute sa puissance militaire comme sa propagande politique au service de La Cause. Décrétant-même que de mourir pour La Cause est la condition la plus noble, valorisée et rémunérée des sociétés canadienne et américaine.

Pendant ce temps, les Anglais demeurés sur le territoire québécois, parce que refoulés aux frontières canadiennes et américaine, embrassent néanmoins la cause anglaise et se vouent à la destruction du Québec et à la restauration d’un continent purement anglais. On voit alors des commandos anglais et autres kamikazes orangistes se faire exploser au Marché Atwater comme dans les autobus Voyageur, dans les Lafleur Hot-dog, les églises catholiques, etc.

Sauf que le Québec résiste et parvient à repousser les assauts. Mais aucune trêve ne tient jamais. Les Québécois sont toujours menacés, décrits comme des sous-humains pas leurs voisins belliqueux. Sur leur territoire, ils ont dû décréter des statuts spéciaux à certaines régions et y instaurer à toute fin pratique un régime martial ! Car les Anglais qui y habitent en majorité, et qui sont toujours rejetés à la frontière de l’Ontario et du Vermont, demeurent radicalisés en vue d’une annihilation du Québec et de l’extermination de tous les Québécois qui y vivent. Il faut dire qu’ils sont abreuvés à longueur de journée par de la propagande locale, mais aussi canadienne et américaine, visant à leur faire oublier que même ces pays anglais ne veulent rien savoir d’eux; sinon lorsqu’ils peuvent servir de chair à canon dans leurs propre conflit avec l’idée même d’un Québec et des Québécois.

Toutes autres choses étant proportionnelles par ailleurs, dans ce récit de fiction, on arrive à aujourd’hui. Depuis des décennies, il règne une paix fragile entre le Québec et ses 2 voisins. De nombreuses tentatives de médiation et plans de paix sponsorisés par l’Europe ont échoués. Surtout, la minorité anglaise qui demeure toujours captive au Québec continue une rébellion apparemment sans fin, aidée de commandos canadiens et américains qui la financent, l’aident d’un point de vue logistique et envoient sporadiquement des martyrs se sacrifier pour la cause. Les leaders de la rébellion anglaise n’ont surtout aucun scrupule à encourager tout citoyen anglais du Québec à confronter une mort certaine en se faisant kamikaze au centre-ville de Montréal, lui promettant à la fois une place dans le panthéon des martyrs canadiens, ainsi qu’une rétribution monétaire pour les membres restants de sa famille.

Alors vous êtes un Québécois, une Québécoise. Vous essayez de maintenir une société faite de démocratie, aussi imparfaite soit-elle. Vous combattez le racisme, souhaitez la paix et souhaitez une résolution pacifique à ce conflit dans lequel vous êtes né. Vous faites quoi ?

C’est confirmé, je suis un génie. Et précoce à part ça !

Je n’avais pas réécouté La soirée est encore jeune depuis que Fred Savard y avait vomi sa bienpensance suffisante sur les cadavres encore chauds de Charlie Hebdo dans son éditorial. Or, ce soir je suis tombé sur l’émission par hasard et j’en ai écouté un bout. À la fin, il y avait un segment sur les Bye-bye du passé. C’était un peu drôle.

Ils ont fait un bref retour sur le numéro «raciste» du Bye-bye 1981 écrit par Claude Meunier, où la fille de ce dernier amène son copain haïtien au réveillon. Meunier le prend d’abord pour son chauffeur de taxi, puis l’invite à manger la dinde de Noël avec eux parce que «c’est comme un lion qui a l’air d’un poulet», et demande que tout le monde mange assis par terre en bedaine, comme il pense qu’ils le font en Afrique, qu’il mêle avec Haïti…

À la fin du segment, Jean-Sébastien Girard d’ajouter que ce genre de sketch ne passerait jamais aujourd’hui, et que Radio-Canada avait reçu beaucoup de plaintes de racisme à l’époque.

Donc je vous le confirme, je suis un génie.

À l’époque en 1981, j’avais compris qu’il s’agissait d’un sketch antiraciste qui se foutait de la gueule des Québécois pleins de préjugés idiots et de curiosité déplacée envers quiconque leur semble étranger, mais sans malice. Et pourtant, apparemment jusqu’à aujourd’hui plusieurs ont tout pris au premier degré, et même à un très drôle de premier degré, croyant que Meunier voulait vraiment dire ce que son personnage dit. Alors qu’il y a au moins trois degrés de stupidité écrits dans ce numéro.

Moi, je n’avais que 8 ans, pas beaucoup d’expérience sur les questions raciales, et pourtant j’avais tout compris. Et du premier coup à part ça !



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Et s’il ne s’agissait au bout du compte simplement que de mourir avec un super beau souvenir en tête…

En tout cas, moi j’en ai un.
Moi qui rentre fatigué de ma job, de ma journée, encore aujourd’hui, un peu las d’être moi. Je marche un peu penché, pensant aux tâches encore à accomplir pour conclure la journée.
Je sors du métro, je respire la boucane d’auto et je tourne le coin…

Soudainement, je vois ta silhouette au loin, dans l’ombre dont l’arbre de notre cour inonde la ruelle. Tu es immobile et tu as l’air si grand… J’en perds le souffle. Je te fais un signe de la main.
Alors tu réagis enfin et tu te mets à courir vers moi. Immédiatement, tous les nuages s’éclaircissent. Et en te voyant sortir dans le soleil, courant en shorts, sans chandail ni souliers et les cheveux fous, avec le sourire édenté de tes 6 ans. Tu arrives et me sers en criant «Papa!»
Je te vois enfin rajeunir, et moi de même.

Merci Alan.
Je pourrais mourir en paix dès maintenant de t’avoir connu. D’avoir en moi cette image de toi, courant vers moi en criant «papa!», les bras ouverts.
Alors je te promets que je tenterai d’exister le plus longtemps possible afin de continuer à te connaitre et te voir grandir.  Puis pour aussi t’enseigner le peu de beauté et d’astuces que je sais.

Merci d’exister.