Je me permets ici de préciser pourquoi mon nom se retrouve au bas de cette lettre demandant le droit de retirer nos enfants d’une classe où l’enseignante serait voilée, comme pour tout autre professeur arborant un vêtement identifiablement religieux.
Pour commencer, ce serait très improbable que je le fasse. Si mon enfant tombait dans une telle classe (ce qui est statistiquement très possible si je demeure à Montréal), à moins que la prof soit totalement incompétente, je l’y laisserais en paix. Je n’en profiterais pas non plus pour lui faire de grandes leçons concernant les religions et la laïcité. Il a huit ans. J’essaierais de faire en sorte qu’il voit sa prof comme un être humain et la traite comme tel, comme tout le monde.
À la base, cette prof ne ferait qu’exercer son droit légal. Plus profondément, il n’y a jamais aucun gain à personnaliser ce qui est un conflit social et politique. Les humains, les individus, sont ce qu’ils sont; la politique est ce qu’elle est. Il y a d’autres façons de se battre à ce niveau.
Il n’empêche que je ferais pareil si la loi permettait soudainement que l’enseignant ou l’enseignante de mes enfants affiche dans sa classe une pub de Pepsi. De même que s’il était permis d’afficher une pub politique ou électorale, etc. Jamais je ne tenterais d’endoctriner mes enfants contre l’autorité de leur prof, mais je protesterais certainement et vivement.
C’est pour cette raison que je signerai toutes les pétitions exigeant qu’existe aussi mon droit de revendiquer un environnement laïc. Précisément pour contrer ce droit abscons et d’invention récente qu’est celui d’afficher auprès de mes enfants une philosophie religieuse qui ségrègue les individus de manière fondamentale comme si c’était normal.
Voilà pourquoi j’ai signé et signerai.
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Post Scriptum
Quant à la question de Patrick Masbourian, dont parle Sophie Durocher dans un récent article du JdeM sur la question de la Loi 21. Car c’est ce qui m’a poussé à écrire aujourd’hui.
Misère…
J’aime spontanément Masbourian, que je suis depuis la Course. Sauf qu’il est devenu très radio-canadien. Lui suffit un espèce d’individualisme consensuel qui lui tient lieu de projet social et de politique tout à la fois.
Mais plus globalement, ça me désespère de constater autant d’interventions idiotes sur le débat qui a cours sur la laïcité au Québec depuis maintenant 15 ans.
Bordel! On a 6000 ans de connaissances fiables concernant l’Histoire des religions et de leurs effets sur les politiques humaines. Sans compter des siècles de philosophie politique.
Pourtant, c’est une totale ignorance de tout le sujet qui s’exprime dans une question telle que: « Est-ce que l’enfant en question, ça le dérange d’avoir une enseignante qui porte le voile islamique? »
Alors non, Patrick Masbourian. Ça ne dérangerait peut-être pas mon fils si son enseignante porte un voile islamique ou son enseignant une kipa. Et je m’arrangerai toujours pour que ça ne se fasse pas. (Quoi que ça le dérange déjà quand son camarade de classe l’informe répétitivement, au dîner, que son sandwich au jambon est impur… Oh oui, ça lui est vraiment arrivé, et depuis la maternelle.)
Ça ne le dérangera probablement pas. Sauf qu’à part ça, on peut dire je crois, Patrick Masbourian, que si un prof affichait une pub de Coke dans la classe de ton enfant, là je suis pas mal sûr que tu monterais aux barricades avec nous. Même si ça ne le dérangeait pas particulièrement.
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